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L’inverse de Ménard




La dernière sortie de Robert Ménard, maire de Béziers, sur l’usage des statistiques ethniques révèle une fois encore l’obsession de la « question musulmane » en France. Si on fait abstraction des idées frontistes que porte ce maire, sa naïveté déconcertante de croire qu’un prénom arabe peut être le marqueur de la confession musulmane nous a quelque peu fait sourire. Seulement, voilà que le fichage municipal de citoyens sur des critères religieux et ethniques nous renvoie à une histoire douloureuse, celle des juifs raflés sous Vichy. D’où la stupeur générale et la condamnation unanime.

Ce sont d’ailleurs ces dérives qui sont avancées pour contrecarrer ceux qui demandent pour la bonne cause l’usage de catégories ethniques afin de tracer les discriminations à l’oeuvre. Concernant l’accès à l’emploi, par exemple, l’appartenance religieuse peut être discriminante. Une étude (French-American Foundation, 2010) menée sur la base de testing de CV a montré qu’un musulman a 2,5 fois moins de chances d’être convoqué à un entretien de recrutement qu’un camarade chrétien. L’étude, outre le prénom musulman, a eu la précaution d’ajouter d’autres signaux (notamment les expériences bénévoles) pour identifier plus objectivement le marqueur musulman.

Face à une telle réalité où l’égalité républicaine est dangereusement piétinée, on devrait être plus pragmatique. Des préconisations destinées à encadrer ce type d’outils ont déjà été faites tels l’anonymat des échantillons, le volontariat ou même le fait de s’assurer que l’organisme en charge de l’étude ne soit jamais rattaché à l’administration publique, à l’entreprise, à la collectivité qui en fait la demande. Tout l’inverse de Ménard tant dans la méthode que dans ses intentions.


Mohammed Colin le Mardi 16 Juin 2015


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Mohammed Colin - 17/03/2023
TikTok, soupçonné d’espionnage, est à présent banni des supports professionnels de la Commission européenne et du Parlement européen.  La France envisage elle aussi ce type de mesures pour ses fonctionnaires.  Le sujet interroge notre souveraineté mais aussi notre place dans le monde, dans la mesure où l’Europe n’a pas su mettre sur orbite des applications aussi puissantes que celles issues de la Silicon Valley ou de Shenzhen. Nous ne sommes plus dans le game ! Nos cerveaux – ingénieurs et designers –, tout comme nos millions d’usagers, sont captifs d’entreprises implantées sur l’axe Pacifique. À côté de cela, il y a d’autres enjeux que l’on peut qualifier de civilisationnels. Derrière ces interfaces que l’on croit insignifiantes se cachent des algorithmes sophistiqués dont l’un des buts est de faire émerger des intelligences artificielles.  Elles seront au cœur des prochaines révolutions industrielles. ChatGPT en est un avant-goût. Ces IA sont entrainées grâce à notre généreuse participation collective que représente notre travail quotidien non rémunéré. Par exemple, quand nous insérons, modifions ou légendons des photos, ce sont autant d’informations captées par ces algorithmes pour affiner leurs apprentissages.  Ces plateformes, conçues pour être addictives en ciblant le circuit neuronal de la récompense, sont un bouffe-temps qui altère la concentration des plus jeunes dans leurs études, quand il ne sert pas de bras armé au service du harcèlement scolaire. A propos de TikTok, le président de la République ne l’a-t-il pas qualifié de « premier perturbateur (psychologique)… chez les enfants et les adolescents » ? Ce mois du Ramadan est peut-être l’occasion de décrocher des usages parasites.