La journée du lundi 15 juin 2015 qui a lancé l’instance de dialogue avec l’islam constitue un jalon de taille dans l’historiographie de l’islam de France.
Il aura fallu beaucoup de conviction teintée d’idéal républicain et de courage face à la montée de tous les populismes qui vient renforcer les préjugés antimusulmans.
En effet, la démagogie est désormais partout. Dans les discours électoralistes tenus par les candidats permanents mais aussi dans certains recoins de la muslimsphère où l’on prêche l’entre-soi musulman.
Alors, oui, l’instance de dialogue avec l’islam est une heureuse initiative. Elle est couronnée de succès pour une raison très simple : l’État, sous l’impulsion du ministre Bernard Cazeneuve, n’a pas cherché, contrairement à ses prédécesseurs, à s’ingérer dans la désignation des représentants musulmans dans l’optique de désigner un islam de France idéal à ses yeux. Au contraire, il a composé avec la réalité, avec les hommes et les femmes (encore insuffisamment représentées) qui font vivre au quotidien l’islam de France. Du plus libéral au plus fondamentaliste tant que la pratique prônée n’entrave pas les lois républicaines. C’est donc une forme de reconnaissance bienveillante à l’égard de ces acteurs en lien permanent avec les musulmans de France.
C’est aussi la mise en oeuvre d’une laïcité inclusive dans la droite ligne de Jean Jaurès et d’Aristide Briand à l’origine de la loi de séparation des Églises et de l’État. Et c’est surtout un coup de génie qui a permis de légitimer à nouveau le CFCM tant décrié. L’institution, que l’on croyait expirée, est en bonne voie de survivre à ses hommes.