
L’Assemblée nationale s’est largement féminisée. Ce sont 150 femmes qui siègent au Palais Bourbon. Elles n’étaient que 107 dans la précédente assemblée. Même si nous n’avons pas atteint la parité, le progrès est bien présent. Nous constatons aussi un progrès notable du côté de la représentation des minorités visibles. 11 candidats d’origine extra-européenne et ultramarins ont été élus députés. Certes, c’est un record historique mais il ne constitue pas un véritable tournant. Il ne faut pas oublier que ces élus ne constituent que le frontoffice, la vitrine politique, mais que le back-office, c’est-à-dire les hauts cadres des cabinets présidentiel et ministériels, les microprocesseurs de l’exécutif où transitent, voire s’élaborent, les grandes décisions de notre pays, manque cruellement de diversité : pas assez de femmes, de responsables issus des milieux populaires, de personnes issues des minorités visibles ; en revanche, une surreprésentation du mâle blanc quinquagénaire issu des milieux aisés et des grandes écoles.
La gauche revenue au pouvoir avec des intentions louables n’aura donc pas échappé au recrutement de la « noblesse d’État ». Cette lenteur à réduire le décalage dans la représentation des élus nationaux et le peuple s’explique par les mécanismes d’autoreproduction sociale, où s’exercent les solidarités de formation, de corps et de réseaux.
Pour mettre en phase le peuple et les élites, c’est sur un double front que le gouvernement devra prendre des mesures. Il passe par un plus large accès des
classes populaires aux grandes écoles et par le renouvellement du corps des élus en limitant le temps et le cumul des mandats politiques pour faciliter l’arrivée de nouveaux visages et de nouvelles idées.