
© Lahcène Abib
Située dans un des faubourgs anciens de Lille-Sud et construite sur ce qui était autrefois une friche industrielle, la mosquée Al-Imane arbore une haute façade de briques rouges, élément architectural omniprésent dans les villes et villages du Nord. Une fois que l’on a franchi la porte principale en arcade, une grande verrière illuminant l’axe principal de la mosquée vous accueille. Après avoir déposé ses chaussures dans un des nombreux casiers prévus à cet effet (ici rien ne traîne par terre), on peut s’y installer d’emblée, des tapis ont été déposés sur le sol carrelé. D’autres préféreront entrer dans la salle de prière moquettée pour mieux écouter le prêche de l’imam. 1 200 fidèles peuvent y prier.
Au 1er étage, les femmes disposent d’une salle d’une capacité de 300 places. Là-haut, l’ambiance y est décontractée. Il est vrai qu’à l’étage se situe aussi le lycée privé Averroès, « hébergé » par la mosquée et qui a ouvert ses portes voilà maintenant six ans. C’est la pause de midi, les élèves, filles et garçons, sortent des cours, certains vont voir le CPE (conseiller principal d’éducation), d’autres vont déjeuner (les garçons, dans une salle du rez-de-chaussée ; les filles, au 2e étage), les couloirs sont étroits, il y a embouteillage, ça rigole, le ton est bon enfant.
La mosquée, lieu de culte ? Certes. Mais la Ligue islamique du Nord (LIN) – association née en 1982 et devenue, depuis, l’organisation la plus puissante dans la Région Nord – s’est donné, dès ses débuts, des missions d’ordre non seulement cultuel, mais aussi social, éducatif et culturel. Appliquant sans complexe le concept d’utilité cher aux économistes, l’équipe dirigeante de la LIN développe nombre d’activités (cours de langue arabe, activités publiques de quartier, soutien scolaire, conférences…), tout en ne cessant de construire et d’agrandir la mosquée. « On a toujours fait cohabiter la construction et les activités », explique Amar Lasfar, recteur de la mosquée et président de la Ligue. Cet ancien enseignant de gestion et actuellement chef d’entreprise n’hésite pas à parler d’« offre et demande » et de « techniques de marketing ».
Au 1er étage, les femmes disposent d’une salle d’une capacité de 300 places. Là-haut, l’ambiance y est décontractée. Il est vrai qu’à l’étage se situe aussi le lycée privé Averroès, « hébergé » par la mosquée et qui a ouvert ses portes voilà maintenant six ans. C’est la pause de midi, les élèves, filles et garçons, sortent des cours, certains vont voir le CPE (conseiller principal d’éducation), d’autres vont déjeuner (les garçons, dans une salle du rez-de-chaussée ; les filles, au 2e étage), les couloirs sont étroits, il y a embouteillage, ça rigole, le ton est bon enfant.
La mosquée, lieu de culte ? Certes. Mais la Ligue islamique du Nord (LIN) – association née en 1982 et devenue, depuis, l’organisation la plus puissante dans la Région Nord – s’est donné, dès ses débuts, des missions d’ordre non seulement cultuel, mais aussi social, éducatif et culturel. Appliquant sans complexe le concept d’utilité cher aux économistes, l’équipe dirigeante de la LIN développe nombre d’activités (cours de langue arabe, activités publiques de quartier, soutien scolaire, conférences…), tout en ne cessant de construire et d’agrandir la mosquée. « On a toujours fait cohabiter la construction et les activités », explique Amar Lasfar, recteur de la mosquée et président de la Ligue. Cet ancien enseignant de gestion et actuellement chef d’entreprise n’hésite pas à parler d’« offre et demande » et de « techniques de marketing ».
Des pros de la collecte
« Je pars du principe que les musulmans ne sont ni pauvres ni radins, mais ils ne sont pas naturellement impliqués. Un travail préparatoire doit être réalisé pour que la communauté s’approprie son association, sa mosquée. Par exemple, dans les années 1980, un groupe d’une vingtaine de jeunes a été pris en charge. On les a inscrits dans les cours d’arabe pour leur enseigner la langue, les sensibiliser à la réussite scolaire. Ils sont aujourd’hui cadres, ingénieurs, médecins... En investissant sur les jeunes, on a acquis la confiance des parents. En économie, on appelle cela l’utilité, être utile pour autrui : il est alors normal que l’on nous renvoie l’ascenseur par la suite. » Les fidèles sont ainsi prêts à financer par eux-mêmes la mosquée. « Sur le plan du financement, on s’est inscrit dans une logique de vente, poursuit le recteur, disert. Le produit doit être bien conçu et les personnes chargées de le vendre bien formées en techniques de marketing. » Le produit ? « C’est la mosquée ! Appelez cela produit ou service non marchand... »
C’est ainsi que la mosquée s’agrandit en trois phases sur une vingtaine d’années, grâce au financement local, assuré complètement par les dons des fidèles à hauteur de 1,5 million d’euros. « On est connu sur le plan national pour cela. On est des pros de la collecte », se réjouit M. Lasfar.
Peut-on parler d’« économie sociale » à propos de la mosquée de Lille-Sud ? Le don et le contre-don ont ici toute leur place. Il n’est pas rare, en effet, de rencontrer des fidèles, actifs au sein de la mosquée, raconter qu’ils connaissent Al-Imane depuis leur plus tendre enfance. Une fois adultes, ils s’impliquent à leur tour. « Des activités culturelles sont organisées avec les jeunes, que nous encadrons, explique Safiya Meziani, 26 ans, autrefois élève de l’école arabe et aujourd’hui adhérente de la Ligue. Sorties au cinéma, bowling, visite au parlement européen… Nous faisons également de l’accompagnement scolaire en partenariat avec le centre social Lazarre -Garreau. »
« Rien n’est gratuit, tout est fissabilillah ! », lançait le recteur lors de son prêche pour faire comprendre à son auditoire que les billets d’entrée à la Rencontre annuelle des musulmans du Nord (RAMN) qu’organisait la Ligue étaient forcément payants. Un langage économique bien compris : près de 2 000 personnes s’étaient déplacées à la RAMN samedi 28 février, au Grand Palais de Lille.
Lille, capitale des Flandres
Métropole. Autrefois capitale industrielle avec ses industries textiles et mécaniques, Lille se convertit dans le tertiaire, grâce à la création du quartier d’affaires Euralille (1988), à l’arrivée du TGV (1993) et à l’Eurostar (1994). Préfecture du Nord-Pas-de- Calais et 3e port fluvial français, Lille est jumelée avec Naplouse (Palestine), Oujda (Maroc) et Saint-Louis (Sénégal). Elle dispose d’un pôle universitaire accueillant 100 000 étudiants. Plus grand marché aux puces d’Europe, la Grande Braderie rassemble 3 millions de visiteurs chaque année. Une douzaine de mosquées existent dans la ville, dont la mosquée Al-Forkane, une ancienne église dominicaine transformée en 1992. Jusqu’au 12 juillet 2009 se tient Lille3000 : quatre mois culturels intenses pour découvrir l’Europe de l’Est. Notamment : deux expos « Istanbul » et « Miroirs d’Orient », au palais des Beaux-Arts de Lille.

© Lahcène Abib
Accompagner dans la réussite et la citoyenneté
Le président du CRCM de la Région Nord-Pas-de-Calais annonce tout de go sa priorité : défendre la dignité des musulmans.
Mais n’est-ce pas sur la résolution de problèmes concrets que l’on attend le CRCM ?
Prenons le sacrifice de l’Aïd. Il s’agit d’un dispositif technique que l’Administration doit prendre en charge. 30 000 moutons sont sacrifiés dans le Nord-Pas-de-Calais. Sont mis à disposition 4 abattoirs : toutes cadences confondues, cela revient à 3 000 têtes. Faites le calcul… Cela relève donc de la responsabilité de l’État.
Quelle est alors votre priorité ?
Le CRCM doit d’abord défendre la dignité des musulmans dans ce pays. Il faut que la pratique musulmane sorte du cadre de la tolérance, qu’elle soit enfin banalisée et acceptée. D’aucuns s’effraient que des musulmans puissent devenir des élus locaux d’ici à une dizaine d’années. Or on doit pouvoir accéder aux postes non pas en tant que musulman mais en tant que citoyen, qui a les mêmes droits que tout le monde.
Quels sont les axes du nouveau mandat du CRCM ?
Amar Lasfar : Tout d’abord, les musulmans n’ont pas attendu le CRCM pour se préoccuper du pèlerinage ou des carrés musulmans. Comment faisait-on avant le CRCM ? On se mettait à la disposition de la communauté à travers les associations sur le plan local et les fédérations sur le plan national. Donc l’organisation du pèlerinage, les carrés musulmans ou les visites des aumôniers dans les hôpitaux et les prisons sont des dossiers techniques. Le CFCM et les CRCM ont une vocation plus importante que cela.
Amar Lasfar : Tout d’abord, les musulmans n’ont pas attendu le CRCM pour se préoccuper du pèlerinage ou des carrés musulmans. Comment faisait-on avant le CRCM ? On se mettait à la disposition de la communauté à travers les associations sur le plan local et les fédérations sur le plan national. Donc l’organisation du pèlerinage, les carrés musulmans ou les visites des aumôniers dans les hôpitaux et les prisons sont des dossiers techniques. Le CFCM et les CRCM ont une vocation plus importante que cela.
Mais n’est-ce pas sur la résolution de problèmes concrets que l’on attend le CRCM ?
Prenons le sacrifice de l’Aïd. Il s’agit d’un dispositif technique que l’Administration doit prendre en charge. 30 000 moutons sont sacrifiés dans le Nord-Pas-de-Calais. Sont mis à disposition 4 abattoirs : toutes cadences confondues, cela revient à 3 000 têtes. Faites le calcul… Cela relève donc de la responsabilité de l’État.
Quelle est alors votre priorité ?
Le CRCM doit d’abord défendre la dignité des musulmans dans ce pays. Il faut que la pratique musulmane sorte du cadre de la tolérance, qu’elle soit enfin banalisée et acceptée. D’aucuns s’effraient que des musulmans puissent devenir des élus locaux d’ici à une dizaine d’années. Or on doit pouvoir accéder aux postes non pas en tant que musulman mais en tant que citoyen, qui a les mêmes droits que tout le monde.
Repères
• 1985 : achat du terrain.
• 1985 : achat du terrain.
• 1987 : première ouverture au public, la salle de prière peut accueillir 300 personnes.
• 1989 : 2e extension ; capacité d’accueil : 800 personnes.
• 1995 : 3e extension : au total 2 000 m2 ; capacité d’accueil : 1 200 places ; salle de prière pour les femmes : 300 places.
• Financement : 1,5 million d’euros collectés exclusivement auprès des fidèles.
• 700 élèves accueillis en cours d’arabe, organisés par l’ACS (Association culturelle et sociale).

© Lahcène Abib
Portrait
Du nord du Maroc, à Nador, sa ville natale en 1960, Amar Lasfar est passé au nord de la France, à Lille. Arrivé à l’âge de 20 ans, il y décroche une maîtrise de sciences éco et un DESS en administration des entreprises à l’IAE de Lille. Six mois passés au pays en tant qu’enseignant de gestion lui donnent la nostalgie de l’ébullition associative qu’il avait connue en France.
Retour définitif dans l’Hexagone le jour de noël 1988. Membre du CA de l’UOIF depuis les débuts de cette organisation, Amar Lasfar détient plusieurs mandats électifs.
Le premier (président de la Ligue islamique du Nord) perdure depuis vingt ans. Le deuxième: président-fondateur du lycée privé Averroès. Le troisième, depuis juin 2008 : président du CRCM Nord-Pas-de-Calais. Il est aussi chef d’entreprise, à la tête de quatre agences de voyages. « J’ai une profession : homme d’affaires ; une vocation : recteur ; et une famille : Mme Lasfar et mes six enfants ! »
Retour définitif dans l’Hexagone le jour de noël 1988. Membre du CA de l’UOIF depuis les débuts de cette organisation, Amar Lasfar détient plusieurs mandats électifs.
Le premier (président de la Ligue islamique du Nord) perdure depuis vingt ans. Le deuxième: président-fondateur du lycée privé Averroès. Le troisième, depuis juin 2008 : président du CRCM Nord-Pas-de-Calais. Il est aussi chef d’entreprise, à la tête de quatre agences de voyages. « J’ai une profession : homme d’affaires ; une vocation : recteur ; et une famille : Mme Lasfar et mes six enfants ! »