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L’ère post-#MeToo a libéré une parole inattendue, celle des victimes de violences sexuelles perpétrées par des hommes dotés d’une autorité religieuse. Les musulmans de France suivent eux aussi le mouvement.  Des imams sont ainsi poursuivis par leurs victimes. Cette prise de parole n’est pas simple et se fait même souvent dans la douleur tant le sujet est tabou. Pas facile de dénoncer des abus tant la fonction de l’imamat est sacralisée. C’est pourquoi il est indispensable de séparer l’homme de la fonction pour que la victime puisse sauter le pas. 

Que de chemin parcouru depuis 2004 qui a vu des fidèles musulmans en partance pour le grand pèlerinage à La Mecque pris en otage par des voyagistes peu scrupuleux et subir docilement le préjudice au nom de la vertu religieuse. Il aura fallu plusieurs années pour que des associations de défense du consommateur puisse conscientiser les musulmans à séparer les lois qui régissent l’ordre de la spiritualité de celles régissant le service commercial attendu. Plusieurs plaintes et procès auront été nécessaires pour assainir le marché et conduire au respect des droits du pèlerin, soumis en réalité au droit de la consommation. 

Ce parallèle nous montre que, sur de nombreux sujets, même ceux difficiles, les musulmans avancent malgré tout. Surtout lorsque les sujets ont une incarnation locale tel un projet de mosquée, un carré confessionnel, un abattoir mobile… Il est possible de créer du consensus. Tout l’inverse des sujets dépendant d’une représentativité nationale qui sont soumis aux manœuvres politiciennes qui, sans doute, amuseraient les scénaristes de la série House of Cards mais exaspèrent les fidèles musulmans. Les crises à répétition au CFCM, savamment orchestrés par les fédérations aux intérêts consulaires ou idéologiques qui le composent, illustrent bien cette triste réalité. Reconstruire une représentativité par le bas, notamment par la départementalisation des instances représentatives du culte musulman, pourrait donner un élan sain et positif à un CFCM revu et corrigé. 

Excellent mois de Ramadan à toutes et à tous.

Mohammed Colin le Mercredi 21 Avril 2021


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Edito

Notre humanité entre l’IA et le carbone

Mohammed Colin - 12/06/2023
Pierre Boulle, auteur de La planète des singes, n’a pas eu le loisir de pianoter sur les smartphones mais sa vision d'une humanité qui régresse au stade de l’animal illustre bien les inquiétudes que génèrent aujourd’hui les technologies. Avec ChatGPT, c’est qu’à force de tout déléguer, en particulier notre réflexion, on peut craindre de s’affaiblir cérébralement. Bien sûr, certains diront que c’est une vieille rengaine dans l’histoire des technologies de l’information et de la communication. Des débats similaires sur le passage des cultures orales aux cultures écrites animèrent les échanges des élites d’autrefois. Socrate attribuait la primauté au propos oral sur l’écrit par exemple. Se questionner ne signifie pas refouler les évolutions techniques. C’est au contraire aider à penser le cadre pour une bonne intégration des outils. Dans le cas des IA, la venue de ChatGPT offre une nouvelle perspective pour réfléchir collectivement sur ce qui fonde notre humanité.  Au moment où sont écrites ces lignes, Paris accueille les nations du monde pour trouver des solutions contre la pollution des matières plastiques. La conception d’un traité juridique est à l’ordre du jour. « Si nous n'agissons pas, il y aura en 2050 plus de plastique que de poissons dans les océans », alerte la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna. Une calamité telle qu'elle fait émerger un septième continent en plein océan Pacifique que pourrait observer la Saoudienne Rayyanah Barnawi, première femme arabe à aller dans l’espace et à réaliser que cette matière « miracle »  issue des industries pétrolières de l’après-Seconde Guerre Mondiale est devenue, 70 ans après, un fléau planétaire. N’attendons pas ce temps pour faire cet horrible constat avec l’industrie du numérique. Vitalik Buterin, fondateur de la blockchain d'Ethereum, seconde cryptomonnaie après le Bitcoin, annonce vouloir réduire de 99 % sa production énergique. C’est un très bon signal.