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En cette période trouble où des actes effroyables sont commis au nom de l’islam, il n’est plus possible pour les musulmans de rester muets. Le silence n’est jamais neutre, contrairement à ce que pensent de nombreux cadres associatifs. Il est un acte du langage soumis au couple signifiant/ signifié et sujet donc à de multiples interprétations. Or, dans le contexte sociétal qui est le nôtre, l’interprétation qui en est faite n’est jamais favorable aux musulmans.
Dans la mesure où il n’y a pas de prise de parole collective, ce silence aurait pu battre en brèche l’accusation de « communautarisme musulman ». Pourtant, c’est tout l’inverse qui se produit.
Il est donc salutaire que les cadres associatifs et les responsables religieux puissent se faire entendre auprès de la communauté nationale. Maintenant que la crainte d’assignation communautaire est dissipée, progressivement les voix se libèrent et condamnent fermement et sans aucun complexe l’usurpation de la religion islamique. Les femmes d’abord, puis un collectif de musulmans issus des catégories socioprofessionnelles supérieures et, enfin, la tribune des 30 imams indignés avec pour chef de file Tareq Oubrou, le recteur de la Grande Mosquée de Bordeaux.
Cette prise de parole ne s’arrêtera par là. Elle témoigne de la maturation des musulmans de France et constitue un tison d’espoir dans cette période tourmentée.

Mohammed Colin le Vendredi 25 Mai 2018


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Edito

La double onde de choc

Mohammed Colin - 23/10/2023
Au moment où nous mettons sous presse ce numéro dont le dossier, décidé il y a plusieurs semaines, porte sur le dialogue interreligieux à l’occasion des 50 ans du Service national pour les relations avec les musulmans (SNRM) de l’Eglise catholique, nous avons été heurtés au plus profond de nous-mêmes par la barbarie qui s’est abattue sur des civils israéliens et celle qui est ensuite tombée sur les civils palestiniens. Et il y a cette angoisse que le pire n’est toujours pas encore arrivé. Quand le sang d’enfants coule, à défaut de pouvoir sauver ces vies, nous nous devons de condamner ces actes abjects par tout ce qu’il y a en nous d’humanité. Ce nouvel épisode tragique nous rappelle tristement que le conflit dure depuis plus de 75 ans. La solution est résolument politique et le statu-quo mortifère auquel la communauté internationale s’est accommodée est intenable. Toutes les énergies doivent s’orienter vers la mise en oeuvre d’une paix juste et durable dans la région. Ébranlé par l’onde de choc de la tragédie du Moyen-Orient, comme si cela n’était pas suffisant, voilà qu’une nouvelle fois encore, le terrorisme sévit au sein de notre école, enceinte républicaine symbolisant l’avenir de notre nation. Hier Samuel Paty, aujourd’hui Dominique Bernard. Il est toujours insupportable de voir, au nom de la deuxième religion de France, qu’on assassine nos concitoyens, tue nos enseignants. Pire encore, de voir l’effet toxique à long terme sur notre tissu social si nous ne faisons pas preuve de résilience. En effet, il faut accepter qu’en démocratie, le risque zéro à propos d’attentats ne puisse exister sans remettre en cause l’État de droit. De même, il est illusoire de vouloir supprimer les divisions internes de notre société, de taire ses conflictualités aussi exacerbées soient-elles, car c’est le principe même de la démocratie. Pour être résiliant, nous devons apprendre à les assumer.