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Le freestyle, terrain de liberté



En marge des terrains traditionnels, le football développe d’autres pratiques, d’autres codes. Dont le freestyle, qui consiste à créer des enchaînements de gestes techniques difficiles et qui rassemble un nombre croissant d’adeptes.



BALLON

Par définition, le but du football est d’en marquer. Pas pour tout le monde. Les adeptes du freestyle football entendent en effet libérer le ballon des cages et autres filets pour investir la rue. « On préfère parler d’un sport urbain, comme le skateboard, où il y a différentes techniques, des combos à faire… C’est un peu la même chose, sauf que, là, il y a un ballon », explique un freestyler. Lassés de voir leurs chevilles martyrisées sur les pelouses, nombreux sont ceux qui ont arrêté le foot en club pour s’adonner à leur passion : caresser le cuir et faire étalage de leur technique en multipliant jongles, dribbles et autres fantaisies…
 
Branchée, cette communauté aime utiliser le Web. Sites et blogs abondent, avec agenda des compétitions, photos et vidéos. La vocation, elle, est la même : elle se nourrit des gestes des stars du ballon rond. « J’ai commencé par essayer de reproduire les gestes de Ronaldinho et le véritable déclic a été avec l’apparition du premier spot Nike 100 % freestyle, où l’on voit Ronaldinho, Thierry Henry et Luis Figo s’échanger la balle avec, à la clé, gestes techniques et pas de danse », raconte Wassim Benslimane, freestyler professionel et vice-champion du monde 2011.

© Photos : S3
© Photos : S3

Culture urbaine

À l’image du hip-hop ou de certains sports de glisse, le football freestyle se fond dans une culture hétéroclite. La discipline se nourrit de la rue, le freestyler porte ses vêtements quotidiens : jean, baskets, tee-shirt. La musique joue son rôle. Mais sans clivages. Rap, funk, house et rock rythment les jongles au moyen de casque sans fil avec lecteur MP3 intégré. Et les sponsors sont présents : marque de streetwear émergente, magasin de chaussures tendance et fournisseur d’accessoires, ceintures, casquettes... Les pubs télé ont également pris une part importante dans le développement du phénomène.
 
Si le freestyle revendique avec vigueur son indépendance, il trahit pourtant certains liens d’amitié avec le foot classique. Le freestyle n’est pas reconnu par la Fédération française de football et la frontière poreuse entre sport et art ne lui confère pas une légitimité réelle. « Pour les footballeurs, on est des joueurs de cirque, on ne sait que jongler. Sur un terrain, ça ne sert à rien. Mais, récemment, le duel entre le freestyler français Séan Garnier et le joueur brésilien Neymar a démontré qu’on savait maîtriser le ballon au sol. Et, parallèlement, on est en train de développer des matchs sur terrain réduit », explique Wassim Benslimane,
membre du S3 (Street Style Society).

Entre sport et art

Pour ceux qui comme Séan Garnier ou Wassim Benslimane se professionnalisent, les ressources financières d’un freestyler, hors sponsors, proviennent de l’événementiel : l’artiste est payé au cachet pour réaliser une démonstration lors d’événements organisés par des communes, des entreprises ou en marge des grandes manifestations sportives. « J’ai commencé le freestyle football en 2006, à Clermont-Ferrand, que j’ai quitté pour Paris afin de pouvoir vivre de ma passion. Après pas mal de mois de galère, d’entraînement et de persévérance, je vis désormais du freestyle et parcours le monde pour faire des shows, des compétitions et des tournages ou encore donner des cours pour partager ma passion », nous confie Wassim Benslimane.

À mi-chemin entre le sport et l’art, cette discipline, encore embryonnaire il y a une dizaine d’années, est aujourd’hui bien visible et attire de plus en plus de jeunes de tous les milieux. Si des compétitions existent, elles ne sont pas le substrat du freestyle et ressemblent davantage à des shows. « Parfois, quand on regarde des matchs, on voit par exemple Cristiano Ronaldo faire des gestes que seuls les freestylers connaissent et s’il les fait, c’est qu’il doit se renseigner. » Comme quoi le « faux football » peut parfois inspirer le « vrai ». 

Nabil Djellit le Mercredi 7 Décembre 2011


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Au moment où nous mettons sous presse ce numéro dont le dossier, décidé il y a plusieurs semaines, porte sur le dialogue interreligieux à l’occasion des 50 ans du Service national pour les relations avec les musulmans (SNRM) de l’Eglise catholique, nous avons été heurtés au plus profond de nous-mêmes par la barbarie qui s’est abattue sur des civils israéliens et celle qui est ensuite tombée sur les civils palestiniens. Et il y a cette angoisse que le pire n’est toujours pas encore arrivé. Quand le sang d’enfants coule, à défaut de pouvoir sauver ces vies, nous nous devons de condamner ces actes abjects par tout ce qu’il y a en nous d’humanité. Ce nouvel épisode tragique nous rappelle tristement que le conflit dure depuis plus de 75 ans. La solution est résolument politique et le statu-quo mortifère auquel la communauté internationale s’est accommodée est intenable. Toutes les énergies doivent s’orienter vers la mise en oeuvre d’une paix juste et durable dans la région. Ébranlé par l’onde de choc de la tragédie du Moyen-Orient, comme si cela n’était pas suffisant, voilà qu’une nouvelle fois encore, le terrorisme sévit au sein de notre école, enceinte républicaine symbolisant l’avenir de notre nation. Hier Samuel Paty, aujourd’hui Dominique Bernard. Il est toujours insupportable de voir, au nom de la deuxième religion de France, qu’on assassine nos concitoyens, tue nos enseignants. Pire encore, de voir l’effet toxique à long terme sur notre tissu social si nous ne faisons pas preuve de résilience. En effet, il faut accepter qu’en démocratie, le risque zéro à propos d’attentats ne puisse exister sans remettre en cause l’État de droit. De même, il est illusoire de vouloir supprimer les divisions internes de notre société, de taire ses conflictualités aussi exacerbées soient-elles, car c’est le principe même de la démocratie. Pour être résiliant, nous devons apprendre à les assumer.