
Après 4 années de domination sur le handball mondial, la France a subi un échec lors du dernier championnat d’Europe. Croyez-vous en ses chances pour les prochains jeux Olympiques de Londres ?
Jackson Richardson : C’est un peu l’éternelle histoire du handball français. On n’a pas toujours su rebondir après les échecs. Je me souviens qu’après notre revers de 1996 on a su revenir. En 2000, nos résultats ont été catastrophiques aux JO de Sydney. Ce qui ne nous a pas empêchés l’année suivante de devenir champions du monde.
Finalement, après tous ces succès (JO 2008, Euro 2010, Mondial 2009 et 2011), est-ce qu’on n’en attend pas trop de nos joueurs ?
J. R. : Oui, c’est typiquement français. Dès qu’il y a un échec, on parle d’une génération finie. En Espagne ou en Allemagne, l’état d’esprit est différent. Mais en France, quand on gagne, nous sommes déjà dans une forme d’usure au lieu d’en vouloir plus. Quand je vois les performances de Rafael Nadal à Roland Garros, il est
insatiable.
En 1995, la France a remporté son premier titre en sport collectif grâce au handball. Très pratiquée en milieu scolaire, cette discipline est-elle, d’après vous, sous-médiatisée ?
J. R. : Non, lors des Mondiaux ou l’Euro, on est dans l’actualité et très visible. On ne peut plus se permettre de dire qu’il nous manque de la visibilité. On l’a notamment grâce aux résultats. C’est au niveau des partenaires qu’il y a moins de confiance. Il faut plus de moyens et plus d’infrastructures pour que nos clubs attirent plus de monde.
En 2004, aux JO d’Athènes, qu’est-ce que cela a représenté pour vous d’être le porte-drapeau de la délégation française ?
J. R. : J’ai toujours eu la chance de partager les victoires ou les défaites. Là, ce fut un peu bizarre car j’étais seul. C’est une grande satisfaction d’avoir mis en avant le handball à travers ma personne et un réel honneur à titre personnel.
Votre look, votre attitude sur le terrain, même dans les plus grands matchs, ont toujours donné l’impression d’un relâchement incroyable. Êtes-vous si insensible que cela à la pression ?
J. R. : Non, pas du tout. Je suis toujours resté près de mes racines. C’est dans ma façon de voir la vie, je regarde non pas où je suis là, mais plutôt d’où je viens. J’ai toujours eu la chance de pratiquer un sport que j’adore en gagnant sa vie. On n’a pas le droit de tricher avec soi-même, cela me permet de rester les pieds sur terre.

© Rémy de la Mauvinière / AP / SIPA
Justement, vos racines, c’est la Réunion. L’apport des DOM-TOM dans le sport national est exceptionnel. Pourtant, vous avez souvent dit devoir expliquer où se situait votre île…
J. R. : Je le disais plus souvent auparavant. Maintenant, il y a un peu plus de sportifs réunionnais qui réussissent : Hoarau, Payet ou Sinama-Pongolle. J’étais un peu taquin. En France, on n’est pas assez conscient de la richesse de notre diversité, que ce soit dans le sport ou dans la vie en elle-même. On ne parvient pas vraiment à mettre en avant cette multiculturalité qui existe aux Antilles ou à la Réunion, alors que certains autres pays l’auraient peut-être fait plus facilement.
Plus jeune, vous avez aussi joué au foot. Quel est le geste technique le plus difficile à réaliser ? La roulette de Zidane ou la « roucoulette » de Jackson ?
J. R. : [Rires] La roulette de Zidane. La dernière fois que j’ai essayé, j’ai failli perdre un genou…
REPÈRES
BIO. 41 ans, né le 14 juin 1969, à Saint-Pierre de la Réunion. 1,86 m ; 86 kg. Demi-centre.
CLUBS. Paris-Asnières ; OM-Vitrolles ; Großwallstadt ; Pampelune ; Chambéry. Avec la France : 417 sélections (787 buts).
CLUBS. Paris-Asnières ; OM-Vitrolles ; Großwallstadt ; Pampelune ; Chambéry. Avec la France : 417 sélections (787 buts).
PALMARÈS. Championnat du monde : 1er (1995, 2001) ; 2e (1993) ; 3e (1997, 2003 et 2005). Jeux Olympiques : 3e (1992). Vainqueur de la Ligue des champions (2001) ; vainqueur de la Coupe des Coupes (1993 et 2004) ; vainqueur de la Coupe des Villes (2000) ; champion de France (1994 et 1996) ; champion d’Espagne (2002).