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CATALYSEUR. L’Algérie a toujours été une grande source de recrutement pour le sport français et le football en particulier. Naturellement, les relations sportives entre les deux rives de la Méditerranée ont aussi reflété les soubresauts de l’Histoire du XXe siècle des deux pays.
Le premier Algérien retenu en équipe de France s’appelait Ali Bouana. Il connut la première de ses quatre sélections le 9 février 1936, au parc des Princes, contre la Tchécoslovaquie. Ailier gauche du FC Sète, on l’appelait le « pauvre Ali », car sans cesse pendant le match il gémissait sur son propre sort. Alors que la France continuait à se fournir dans son vivier nordafricain depuis les années 1920, un véritable coup de tonnerre allait faire basculer les rapports entre les deux communautés.
Hommes et citoyens
En avril 1958, 10 footballeurs parmi les meilleurs de l’Hexagone comme Rachid Mekhloufi, le talentueux joueur de l’AS SaintÉtienne, quittent en catimini la France pour rejoindre et former l’équipe du FLN, dans l’optique de participer à la lutte de l’indépendance de l’Algérie. Un événement fort dans le contexte de l’époque, qui provoqua un grand sentiment de désolation et de trahison dans les rangs du football français, et de la France par la même occasion.
Pourtant, ces footballeurs avaient trouvé le respect, la gloire et le succès grâce à leur métier. Mais s’ils avaient perdu gros en abandonnant des carrières prometteuses, ils ont incroyablement progressé en tant qu’hommes et citoyens : « La propagande française présentait le FLN comme une bande de terroristes, mais notre départ, celui des meilleurs joueurs du Championnat, dont certains étaient pressentis pour disputer la Coupe du monde 1958 (ndlr : Zitouni, Mekhloufi, Maouche), a servi de révélateur. Cela prouvait que tout le peuple algérien était solidaire et que tous les Algériens, même les plus favorisés par la France, étaient concernés », nous explique Rachid Mekhloufi, l’un des plus grands joueurs de l’histoire du Championnat de France.
Pourtant, ces footballeurs avaient trouvé le respect, la gloire et le succès grâce à leur métier. Mais s’ils avaient perdu gros en abandonnant des carrières prometteuses, ils ont incroyablement progressé en tant qu’hommes et citoyens : « La propagande française présentait le FLN comme une bande de terroristes, mais notre départ, celui des meilleurs joueurs du Championnat, dont certains étaient pressentis pour disputer la Coupe du monde 1958 (ndlr : Zitouni, Mekhloufi, Maouche), a servi de révélateur. Cela prouvait que tout le peuple algérien était solidaire et que tous les Algériens, même les plus favorisés par la France, étaient concernés », nous explique Rachid Mekhloufi, l’un des plus grands joueurs de l’histoire du Championnat de France.
Amour commun du ballon rond
Cinquante ans plus tard, après le psychodrame footballistique vécu par le couple algéro-français, la sélection algérienne est aujourd’hui composée majoritairement des enfants ou petits-enfants des travailleurs algériens massivement importés à l’époque des Trente Glorieuses (1945-1975). Au dernier Mondial, ces jeunes, qu’on surnomme les « Beurs » en France ou les « Zmigrés » sur l’autre rive, ont réussi à qualifier l’Algérie à la Coupe du monde 2010. Et puis il y eut aussi Zinedine Zidane, l’emblème absolu de la richesse née du mélange des cultures. Son nom, à lui seul, prouve bien que, sans la terre d’Algérie, le football français ne serait pas tout à fait ce qu’il est aujourd’hui.
Un pont, un trait d’union, une filiation naturelle, les deux pays ont cultivé cet amour commun pour le ballon rond. Une passion fédératrice qui a pourtant mal tourné le 6 octobre 2001 au stade de France. Pour la première fois de leur histoire, la France et l’Algérie s’étaient donné rendez-vous autour d’un match de foot pour une réconciliation sur l’autel du sport. Mais, victime de son intensité émotionnelle, la rencontre n’ira pas au bout, arrêtée à la 71e minute, après qu’une partie du public eut envahi la pelouse : les deux pays se quitteront sur un nouveau malentendu.
Prochainement en visite officielle en Algérie, François Hollande, amoureux de ce sport, conviendra certainement que l’Algérie et la France doivent de nouveau se retrouver sur un terrain. Et que le football, à lui seul, ne peut tout solder d’un douloureux passé.
Si Karim Benzema ou Samir Nasri sont aujourd’hui les deux sportifs les plus connus avec une descendance maghrébine et que le football se taille logiquement la part du lion dans la représentation des personnes ayant un lien parental avec l’Algérie, la France a également eu des satisfactions dans d’autres disciplines sportives grâce à l’apport de cette diaspora. Parmi ces champions, certains ont écrit des belles pages de l’histoire du sport national. Brahim Asloum et Djamel Bouras, champions olympiques respectivement en boxe et en judo, ont marqué les esprits. Après eux, Mehdi Baala, en athlétisme, et, plus récemment, Mahiedine Mekhissi, double vice-champion olympique sur le 3 000 m steeple, ont aussi enrichi le palmarès du sport français.