
Le grand danger, en cette période de crise, est la recherche de coupables. Si cette activité a toujours été le fonds de commerce des partis xénophobes comme le Front national, ce qui change aujourd’hui, c’est l’adhésion de plus en plus massive à ces thèses. En panne de programme politique, les partis traditionnels prônent un discours simpliste expliquant la crise de la France par le trop-plein d’étrangers sur le sol national et l’insécurité qui serait liée à l’immigration : des idées qui séduisent, y compris dans la société « bien-pensante ».
Outre le fait de saper les valeurs d’accueil de la France (sic), ces idées reçues nous mènent vers un repli malsain. L’Histoire nous enseigne où nous conduit cette chasse aux coupables. Le pain de personne n’a été volé ! On pourrait voir un pied de nez à ceux qui se réclament des thèses frontistes, à travers la victoire au concours de la meilleure baguette de Paris : l’heureux gagnant est d’origine tunisienne. À ce titre, il livrera pendant un an l’Élysée. Cet événement est signifiant. Le métier de boulanger est une activité difficile ; il faut être à pied d’oeuvre dès 3 heures du matin, sous la chaleur des fourneaux. De plus en plus de boulangers sont d’origine extraeuropéenne comme beaucoup d’autres métiers réputés ardus.
L’immigration est en réalité nécessaire, car elle pourvoit en main-d’oeuvre des secteurs d’emploi que les nationaux refusent à cause de la pénibilité du travail. Sans oublier que face à une population vieillissante, les descendants d’immigrés, avec le dynamisme de leur jeunesse et leur esprit entrepreneurial, apportent leur contribution à une France qui ne peut plus nier une partie d’elle-même : la richesse de sa diversité. Pour l’heure, il serait bien de se serrer les coudes.