
© Lahcène Abib
Du garage Renault situé au Val d’Argenteuil (Val-d’Oise), il reste peu de choses. Si ce n’est la mosquée de l’Institut islamique de France Al-Ihsan (« la bienfaisance »). Avec son dôme couleur ocre et son minaret culminant à 15 mètres de hauteur, le site, que beaucoup surnomment la « mosquée Renault », est une réussite esthétique. Grâce à son revêtement extérieur décliné dans les tons pastel, le site épouse le paysage.
Édifiée dans un style mauresque, la mosquée peut accueillir jusqu’à 2 300 fidèles. La salle des femmes, au rez-de-chaussée, comprend 700 places. Une douzaine de fenêtres laisse entrer la lumière du jour. Au mur, écran plasma et haut-parleur leur permettent de profiter du prêche de l’imam. Les hommes, eux, peuvent être jusqu’à 1 600 pour prier à l’étage. La capacité maximale devrait augmenter dans les prochaines années. Connue pour accueillir une majorité de Franco-Algériens, « la mosquée reste ouverte à tous », explique Abdelkader Achebouche, président de l’association, qui refuse toute étiquette.
Édifiée dans un style mauresque, la mosquée peut accueillir jusqu’à 2 300 fidèles. La salle des femmes, au rez-de-chaussée, comprend 700 places. Une douzaine de fenêtres laisse entrer la lumière du jour. Au mur, écran plasma et haut-parleur leur permettent de profiter du prêche de l’imam. Les hommes, eux, peuvent être jusqu’à 1 600 pour prier à l’étage. La capacité maximale devrait augmenter dans les prochaines années. Connue pour accueillir une majorité de Franco-Algériens, « la mosquée reste ouverte à tous », explique Abdelkader Achebouche, président de l’association, qui refuse toute étiquette.
Une mosquée à l’héritage ouvrier
Des femmes, des adolescentes mais aussi des ouvriers, retraités du secteur automobile. Comme Salah, 75 ans, qui jubile de voir le garage réhabilité… en mosquée ! « J’étais employé chez Renault. Alors prier dans une mosquée qui porte son nom, c’est ironique », lance-t-il.
Des travaux toujours d’actualité, car deux salles de prière, de 1 000 m2 chacune, restent à réhabiliter. L’une au rez-de-chaussée, l’autre au deuxième étage. « Une situation qui ne gêne pas les fidèles. Même en travaux, ils viennent prier », selon le président. D’autant que les travaux sont bien dissimulés. Les espaces étant indépendants, nul besoin de traverser le chantier pour accéder aux salles déjà fonctionnelles. Et rien ne laisse supposer que les carrossiers étaient autrefois maîtres des lieux.
Car avant d’être transformé en lieu de culte, le site abritait un garage de la Régie Renault. Il est vendu, en 1999, à l’association Al-Ihsan au terme d’âpres négociations entre le constructeur automobile et la mairie alors communiste. En 2001, M. Achebouche obtient le permis de rénovation, permettant de lancer la réfection du site. La surface est importante : « 4 250 m2 de superficie au sol », précise-t-il.
Des travaux toujours d’actualité, car deux salles de prière, de 1 000 m2 chacune, restent à réhabiliter. L’une au rez-de-chaussée, l’autre au deuxième étage. « Une situation qui ne gêne pas les fidèles. Même en travaux, ils viennent prier », selon le président. D’autant que les travaux sont bien dissimulés. Les espaces étant indépendants, nul besoin de traverser le chantier pour accéder aux salles déjà fonctionnelles. Et rien ne laisse supposer que les carrossiers étaient autrefois maîtres des lieux.

© Lahcène Abib
Un carrefour culturel
Il faut dire qu’Abdelkader Achebouche a su faire du lieu un espace de pratique mais aussi d’échange religieux, grâce aux cours d’arabe et d’éducation islamique dispensés depuis l’ouverture, en 2001. « Les valeurs culturelles de l’islam, c’est la langue arabe qui les transmet », affirme Amar Meznane, l’un des treize professeurs d’arabe de l’institut.
Au premier étage de la mosquée se trouvent six salles de classe, aménagées avec du mobilier récupéré auprès d’universités. D’ailleurs, on oublie presque que le lieu abrite une mosquée. « Le nombre d’inscrits est passé de 400 élèves, en 2001, à 1 000, en 2009. Les élèves, enfants, adolescents et adultes, pratiquent deux heures d’arabe et deux heures d’éducation religieuse », confie le président. Plusieurs raisons expliquent cet engouement. D’abord, la rigueur pédagogique de l’équipe. Liste d’absences, horaires de cours fixes, suivi. L’équipe assure un encadrement sans faille. Une nécessité, car certains élèves ne sont guère motivés à l’idée d’apprendre l’arabe. Résultat, il faut user d’imagination pour susciter l’intérêt des jeunes. Chaque année, la mosquée organise la fête scolaire. « Nous remettons des prix à l’ensemble des élèves de l’institut afin de les encourager. »
Au premier étage de la mosquée se trouvent six salles de classe, aménagées avec du mobilier récupéré auprès d’universités. D’ailleurs, on oublie presque que le lieu abrite une mosquée. « Le nombre d’inscrits est passé de 400 élèves, en 2001, à 1 000, en 2009. Les élèves, enfants, adolescents et adultes, pratiquent deux heures d’arabe et deux heures d’éducation religieuse », confie le président. Plusieurs raisons expliquent cet engouement. D’abord, la rigueur pédagogique de l’équipe. Liste d’absences, horaires de cours fixes, suivi. L’équipe assure un encadrement sans faille. Une nécessité, car certains élèves ne sont guère motivés à l’idée d’apprendre l’arabe. Résultat, il faut user d’imagination pour susciter l’intérêt des jeunes. Chaque année, la mosquée organise la fête scolaire. « Nous remettons des prix à l’ensemble des élèves de l’institut afin de les encourager. »
Pour preuve, la mosquée Al-Ihsan est engagée dans le dialogue interreligieux à Argenteuil. « Nous participons à la commission islamochrétienne. Chaque trimestre, nous nous rencontrons pour discuter de sujets comme la place des jeunes, la finance islamique… » Abdelkader Achebouche l’a bien compris : « Élus, catholiques, juifs, je suis copain avec tout le monde ! » Al-Ihsan, la « petite mosquée » dans la cité.
ARGENTEUIL, UNE AUTRE IMAGE !
Renouveler. Argenteuil est la ville la plus importante du Vald’Oise, la troisième de la Région Île-de-France, située à 11 km de Paris. Ancienne cité ouvrière, la ville change peu à peu d’image. Au début du XXe siècle, la ville s’industrialise. Construction navale, automobile, les usines fourmillent dès les années 1920. Le célèbre avionneur Dassault s’y installe en 1953. La forte présence ouvrière en fera un fief communiste jusqu’en 2001. Mais la ville est aujourd’hui en pleine mutation. La municipalité souhaite changer l’image d’Argenteuil. Et la démarche commence à porter ses fruits. L’École alsacienne, prestigieux établissement privé du 6e arrondissement de Paris et qui accueille la crème des élèves parisiens, y installera un campus ouvert aux jeunes Argenteuillais. Rentrée prévue pour
2013. Argenteuil bientôt à la pointe de l’élite.

© Anthony Voisin – ville d’Argenteuil
« POUR QUE LE VIVRE-ENSEMBLE FONCTIONNE »
Argenteuil a une longue histoire avec la mosquée Al-Ihsan, dont les travaux de rénovation ont commencé à la fin des années 1990. Pour Philippe Doucet, maire PS élu en 2008, la ville entretient des relations de proximité avec l’islam.
Argenteuil compte cinq mosquées. Avez-vous des liens spécifiques avec la mosquée Al-Ihsan ?
La mosquée fait partie du paysage argenteuillais depuis longtemps. Nos relations mosquée-ville se passent très bien, car M. Achebouche est engagé dans une démarche citoyenne. Nous sommes dans un rapport de proximité, essentiel pour résoudre les éventuels conflits.
Des conflits liés à une forte présence musulmane à Argenteuil ?
Non, mais quand les fidèles prient dans la rue, cela peut générer des problèmes avec le voisinage, comme c’est le cas avec la mosquée Dassault. Je refuse que des gens exercent leur culte dans la rue ; de la même manière je suis contre l’islam des caves. Les musulmans doivent exercer leur culte dignement.
Non, mais quand les fidèles prient dans la rue, cela peut générer des problèmes avec le voisinage, comme c’est le cas avec la mosquée Dassault. Je refuse que des gens exercent leur culte dans la rue ; de la même manière je suis contre l’islam des caves. Les musulmans doivent exercer leur culte dignement.
Certains Français de confession musulmane se sentent très stigmatisés. Comment l’expliquez-vous ?
L’islam en France rencontre une difficulté : la place de la femme. J’entends la réaction des gens qui ont connu Mai 68 et ce qui est mal vécu, c’est la présence de la burqa. Même si, dans les familles musulmanes, je le vois bien, les femmes ont beaucoup de libertés. Le conflit s’opère surtout au niveau symbolique. Les musulmans n’ont pas à être stigmatisés. L’islam est la deuxième religion de France. Mais tout le monde doit respecter la laïcité pour que le vivre-ensemble fonctionne.
Repères
• Capacité d’accueil : 2 300 fidèles.
• Capacité d’accueil : 2 300 fidèles.
• Superficie : 8 000 m2 de bâti et 4 250 m2 de surface au sol.
• 2 novembre 1997 : création de l’association Institut islamique de France Al-Ihsan.
• 29 janvier 1999 : achat du local, un ancien garage de la Régie Renault. Les travaux de réfection sont lancés. Les premiers fidèles sont accueillis à la mosquée.
• Début 2001 : l’association obtient le permis de rénovation.
• 2006 : Poursuite des travaux de rénovation avec la construction du dôme et du minaret (15 m). Deux niveaux (1 000 m2 chacun) restent à rénover, prévus pour des salles de prière.

© Lahcène Abib
Portrait
Abdelkader Achebouche, président de l’Institut islamique de France Al-Ihsan reste, à 79 ans, très actif. Originaire d’Algérie, il arrive en France en 1965. Depuis, l’homme se démène pour la communauté. Dans les années 1970, un ami lui ouvre son pavillon pour la prière, à Asnières (Hauts-de-Seine). 1974, c’est le tournant. « Les curés des paroisses d’Asnières nous ont loué la cathédrale, alors fermée, pour 100 francs par mois. » L’homme est aussi soucieux des jeunes générations. D’où l’ouverture, en 1980, d’une école d’arabe à Asnières. Son engagement, il le mène, depuis 1997, à Argenteuil, où il a fait de l’Institut Al-Ihsan un espace cultuel et culturel ouvert aux plus jeunes. Père de sept enfants, dont trois sont aujourd’hui médecins, cet ancien dirigeant d’une agence de voyages souhaite « encourager les Franco-Maghrébins à étudier ».